Canada Dry

7 mai 2011

De la publicité en voici en voilà : sur les façades, les cartables, à la télé, à la récré. Sur les ondes ou dans nos boîtes aux lettres, nous sommes criblés de publicité jusqu’à indigestion.

Il suffit de quelques secondes pour qu’elles s’impriment dans nos mémoires de façon durable. On se rappelle, par exemple, des publicités de notre enfance, des slogans, des bruits et des saveurs. Un peu de mousse autour d’un capuccino, la fraîcheur d’un thé glacé, quelques bulles de limonade…Tout cela nous met l’eau à la bouche, séduit nos papilles tout en nous prédisposant à l’achat. Serions-nous conditionnés par la publicité ?

À certains égards, cela deviendrait presque inquiétant. D’autant que l’on ne fait pas (ou peu) appel à notre culture, à notre jugement rationnel ou à notre capacité d’aimer…mais plutôt à notre instinct. Ne parle-t-on pas de « pulsion » d’achat ? Pourtant, il arrive que certains slogans nous permettent de tirer pour nous-même de belles leçons de vie.

On se souvient tous, par exemple, de ce fameux slogan: « Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool. » Les publicitaires des années 80 ont réussi à vendre un simple panaché sous des allures « viriles » et alcoolisées.

D’une façon inattendue, le nom du produit est devenu emblématique d’une sorte de « contrefaçon » : un leitmotiv du trompe-l’œil, un symbole du pastiche (et non pas du pastis !) … C’est donc avec un impact imprévu que le slogan passe à la postérité avec le mot d’ordre suivant : Ne pas se fier aux apparences !

Tant et si bien que la formule a fait recette dans tous les milieux sous une forme critique voire caustique: Dans le milieu éducatif, par exemple, certains diplômes sont qualifiés de « Canada Dry » (comprenons diplômes clinquants pour formation diluée).

Mais, le clivage entre apparence et profondeur s’applique aussi (malheureusement !) à notre vie chrétienne. Aussi, la fameuse formule « ça a la couleur de… » se conjugue dans de nombreux domaines de notre vie (la culture, la solidarité, nos exploits culinaires, notre capacité d’écoute, notre charité etc.…) Prenons la quête du dimanche, par exemple. On pourrait dire que: « cela ressemble à de la générosité, ça a l’aspect de générosité, mais… cela fait le bruit de pièces jaunes ! ». Nous avons tant de mal à être comme la veuve de l’Evangile de saint Marc (1). Comment savoir si nous vivons en cohérence avec l’Evangile ? Il y a des petites phrases comme celle-ci qui nous invite à un travail sur nous-même et sur notre relation d’amour avec le Seigneur.

Voilà qu’un simple slogan publicitaire peut se convertir en une leçon d’humilité : Un moyen original pour chasser nos « vernis ». Bref, voici une formule efficace pour ne jamais devenir des cathos « Canada Dry » !