La vie d’artiste !

17 mai 2011

Les plaquettes touristiques sont alléchantes, l’offre est variée, tout est fait pour ne pas s’ennuyer à moindre prix. Les municipalités déploient des trésors d’imagination pour vous confectionner un été gorgé de surprises distrayantes et culturelles. Danse, musique, théâtre, cinéma, expos, concerts, des festivals Rock, celtique ou classique…L’offre culturelle s’annonce abondante et prête à nous divertir.

Les vieux villages s’enluminent de galeries d’art saisonnières. Deci delà quelques aquarelles en rez de jardin, quelques sculptures insolites en fond de cours. Les badauds repeuplent les villages jusqu’alors désertées : L été fait germer les talents, les exalte, les expose.

Une œuvre d’art est moins utile qu’une clé à molette, mais elle nous donne le sens du beau ! Nous aurions vite fait de classer l’art au rayon variété spirituellement non indispensable. Pourtant l’art est « une sorte de fenêtre sur l’infini »(1), affirmait le pape Pie XII.

De même face à la cadence de nos rythmes de vie, la vie d’artiste n’est pas toujours auréolée de gloire ni même de sérieux. Elle incarne plutôt une vie de bohême, ou un syndrome d’adolescent anticonformiste ! (Même si on y aspire à nos heures perdues… car il y a toujours un « Arthur Rimbaud » qui sommeille en nous, prêt à égrener quelques rimes en observant les étoiles… )

Dans une lettre du Bienheureux Jean-Paul II adressée aux artistes, il affirme : « La société, en effet, a besoin d'artistes, comme elle a besoin de scientifiques, de techniciens, d'ouvriers, de personnes de toutes professions (…) qui garantissent la croissance de la personne… »2

Des vitraux de la Sainte Chapelle aux gargouilles de notre Dame, de l’icône de Roublev à la chapelle Sixtine, l’art chrétien nous plonge dans le mystère même de notre foi et nous pousse à l’émerveillement, à la contemplation. L’artiste n’est donc pas « l’adulescent (3) » rêveur déconnecté des réalités du quotidien mais peut être un témoin de l’invisible : « L’artiste dit quelque chose du mystère de l’incarnation et prophétise le règne de Dieu. » 4

En puisant dans la lettre aux artistes du Cardinal Barbarin voici quelques pépites spirituelles que nous pourrions adapter à notre propre vie. Un hymne à la création voir un vrai chemin de foi, à méditer entre deux vernissages :

1/ L’artiste, au prix d’un long travail, essaie de faire fructifier les talents reçus.

2/ La création artistique exige l’apprentissage de la patience. (…) La patience doit être considérée aujourd’hui comme une exigence pour vivre sa vie en liberté.

3/ Qu’il s’agisse « de la puissance du marbre ou des couleurs pour le peintre » l’artiste est confronté à la matière, au réel.

4/ Autre « exigence » de l’artiste : La confiance en sa vocation créative. Avancer en création, c’est aussi progresser dans l’inconnu avec la peur, la crainte de ne pas savoir où l’on va. » C’est une foi « aventurée »; « Un saut dans la confiance »

5/ A chaque fois, il prend des risques : oser un geste, un chant, une danse. Travail d’humilité qu’il doit vivre dans l’émerveillement et l’esprit d’enfance, en se gardant de toute satisfaction orgueilleuse.

Enfin conclue l’auteur, « trois attitudes donc habitent l’artiste : confiance, patience et l’amour. Autres noms pour dire la foi, l’espérance et la charité ! »

Voilà de quoi nous inspirer pour cette pause estivale.